Gothique et Renaissance
Du style gothique au style renaissance: la redécouverte du style antique.
Commençons par le style gothique:
Les meubles sont peu nombreux et réservés à la classe aisée.
Les motifs sont souvent à fenestrage (reproduction d’une fenêtre), et parfois à clairevoie (débouchant).
Le pli de serviette est très répandu. Les montants sont souvent surélevés de pinacles.
Les meubles:
La chair ou « chayère » est le siège du seigneur, la cathèdre celui de l’évêque : c’est un coffre + un dossier+deux accotoirs. On y ajoute un carreau (un coussin).
Les autres meubles:
Le coffre se nomme huche. Les tables sont des tréteaux que l’on démonte au gré des besoins. On peut noter une grande utilisation de bancs ou bancelles.
Les lits sont en général recouverts de courtines, le dessus du lit s’appelle la courtepointe. Les gens dormaient assis.
Les techniques employées:
Le rabot apparaît au XIVe siècle. Un autre signe distinctif du style ogival sont les moulures qui reste raccordées à la main dans la masse ou arrondies ou encore avec un chanfrein arrété (voir ci-dessus).
Qu’est-ce que le néo gothique?
Né aux alentours de 1830 en France, le style néo gothique est issu du mouvement romantique du début du XIXe siècle. Le moyen âge, longtemps considéré comme une période sombre dont la création artistique semblait barbare et primaire, connût un engouement prononcé pendant une partie du XIXe siècle.
En France, la sortie du livre de Victor Hugo « Notre-Dame de Paris » puis la création d’une nouvelle commission des Monuments historiques en 1837 confirmeront le nouvel intérêt porté au Gothique grâce, entre autre, à Violet le Duc et Prospère Mérimée.
Des meubles d’inspiration gothique eurent un grand succès auprès de la bourgeoisie intellectuelle parisienne.
La Renaissance ou le retour de l’Art antique
Attention: En ce qui concerne le mobilier, on conservera celui du Moyen Age jusqu’au XVIe siècle dans certaines campagnes.
Période de transition
Entre le style ogival et le style Renaissance : le Louis XII
- La structure du Moyen-Age subsiste : l’arc brisé, les pinacles décorés de crochets ou choux, au sommet des lucarnes, arcades trilobées.
- Avec la Renaissance, arrive une sculpture plus mouvementée.
Ex : l’ornementation devient végétale et symétrique (culots, fleurons).
Ex : l’enfant Jésus est nu et la vierge offre son sein. On change le costume.
Ex : arabesques et grotesques d’importation italienne remplacent le chou frisé et le chardon.
Période d’inspiration italienne: la première Renaissance
Elle apparaît en France sous François Ier à partir de 1515 (en fait, elle commence dés 1510) :
C’est le style Fontainebleau
- Les ordres classiques apparaissent peu à peu pour l’architecture comme pour les meubles.
- Révolution ornementale à l’antique
- Le mysticisme et symbolisme chrétien s’évanouissent en faveur d’un goût païen.
Le répertoire décoratif
- En général, l’architecture reste encore gothique et l’ornementation devient italienne
- Peu à peu les ordres classiques apparaissent pour l’architecture comme pour les meubles.
- Ornements d’inspiration Antique : pilastres, draperies couronnées de feuillages et de fruits, rubans déroulés. Le mysticisme et symbolisme chrétien s’évanouissent en faveur d’un goût païen.
voici un récapitulatif du répertoire Renaissance: vous pouvez vous reportez au glossaire avec croquis des principaux ornements.
- Nudités
- Perles
- Oves
- Tores
- Godrons en éventail
- chimères
- Denticules
- Déesses élancées
- Anges aux ailes déployées
- Amours joufflus
- Sirènes et dauphins
- Médaillons avec figures saillantes (grotesques)
- Médaillons bombés dits miroirs coquilles
Période classique inspirée de l’antique : le styles Henry II ou 2eme renaissance :
(1530 :1589 jusqu’au règne d’Henry III). C’est une période d’inspiration antique totale.
Le style Henry II donne aux meubles un caractère architectural plus simple avec colonnes et pilastres cannelés. Les plumes d’oiseaux ou pennes en motif décoration sont très utilisés. Attention : les menuisiers ont longtemps conservé les pennes, parfois jusqu’au XVIIIeme.
L’expression ornementale est plus réfléchie et devient plus classique. Les meubles qui nous sont parvenus sont majoritairement d’origine de l’île de France, car il semble que la Province n’ait pas produit beaucoup de meubles de pur style Henry II. Par contre, les menuisiers de Province ont adopté avec enthousiasme le penne, facile à réaliser avec un outillage réduit.
L’armoire:
Possède 1 ou 2 corps, c’est-à-dire qu’elle peut être constituée d’un bas d’armoire isolé du haut ou être construite d’un seul tenant.
- les ferrures sont placées à l’intérieur.
- Fronton brisé.
- Colonnettes et pilastres bordent ses angles.
- Panneaux richement sculptés.
Le buffet (crédence ou dressoir):
A partir du XVIe, le buffet, crédence ou dressoir sont similaires. A noter que les excès de la décoration seront amendés au milieu du XVIe sous Henry II. « En effet, la renaissance italienne a souvent perdu le sens de la mesure dans l’emploi du nombre de matériaux différents ou dans la proportion des ornements » (Emile Bayard).
Les niches inférieures seront petit à petit remplacées par des portes fermées.
Apparition des pieds (souvent en boules écrasées).
Apparition des tiroirs (à la fin du XVIe, les tiroirs passeront dans le meuble du bas).
Le cabinet:
D’origine ornementale Hispano-mauresque (le bargueno ou vargueno), le cabinet apparaît dans les premières années du XVIe.
- Il peut être portatif ou non.
- Sa caractéristique est la quantité de petits tiroirs à portes indépendantes que recouvrent ses abattants. Il sert à enfermer les bijoux et autres menus objets de prix.
- Grande richesse d’ornementation : en ébène souvent incrusté d’ivoire, de nacre, d’os, de métal, de pâte, de marbre de couleur.
- Les portes s’ouvrent avec les pilastres et les consoles appliquées.
- Les plus beaux cabinets sont italiens ou allemands.
- Ils sont peu élevés, larges et profonds et deviendront très grands au XVIIe.
- Au cabinet se substituera l’armoire au XVIIe puis deviendra le secrétaire au XVIIIe.
Attention : Tous nos meubles modernes sont dérivés du cabinet comme du buffet à 2 corps.
Ornementation particulière des cabinets
- cuirs ciselés, estampés, gaufrés, espagnol et flamand, rehaussés de clous dorés.
- Incrustation à la mauresque blanche : sorte de damasquinage avec 1 mastic ivoire
- Bretture : (Rhin et Bourgogne) impression économique avec des outils dentés : surtout représentatif du Louis XIII
- Pâtes colorisées et gravées dans le bois.
- Peinture en camaïeu.
- Os incrusté… ect
Les tables:
Sous Henry II : elles sont presque exclusivement décoratives. Leur construction ne permet pas de s’asseoir autour. Elles sont plutôt hautes, massives, à arcades, les colonnes et balustres reposent sur une large entretoise richement sculptée sur une ceinture large.
- table en forme de « cartibulum » romain, pieds en éventail
- Table à 3 ou 4 pieds tournés en balustres
- Table à l’italienne à 9 pieds à volets coulissants
- Traverses en H, carré ou unique en fonction du nombre de pieds.
Avant Henry II, elles se composent de tréteaux puis au début du XVIe sont à 4 pieds carrés et fixes.
Lits
Les lits sont richement décorés et sculptés comme le reste des meubles. De même, qu’il y a des armoires dans le style de Jean Goujon, il y a des tables et des lits de style Du Cerceau.
En général, le lit possède 4 colonnes soutenant un riche dais ou baldaquin surmonté d’une corniche richement décorée. Il repose à présent sur 4 pieds.
Les chaises ou chayeres:
- manque de confort
- souvent en bois savoureusement sculptées
- le dossier est haut et droit, mais durant la période, il commence à se pencher.
- garnies ou non d’accotoirs (chaise à bras) ou simples.
- pieds reliés par une entretoise en carré.
- Invention de la traverse haute.
Les différentes chaises :
- Les formes : banquette munie de bras sans dossier
- Les caqueteuses (voir ci-dessus)
- La chaire : le fauteuil léger et portatif perd son coffre de rangement
- Sièges à tenailles
- Chaise à bras
- Sédia
- scabellos
Les vêtements collants et étroits exigent peu de largeur et de profondeur. Les sièges grandiront avec les jupes de femme et les hauts de chausses à la fin du XVIe.
Les ébénistes
Sculpteurs et ébénistes
- Hugues Sambin : grand menuisier de la deuxième renaissance à Dijon.
- Jean Goujon
- Pierre Jacques de Reins
- Frères Amais à tour
- Etienne Lebruns à tours: lambris de Fontainebleau
- Mathieu Cartais et Hubert Deniau : Diane de Poitiers les a fait travailler
- Francisque Scibieq dit Carpy : sculpteur du plafond de St Germain et Fontainebleau
- Jacques Chanterelle: employé par les Valois
- Ambroise Perret
Les architectes et ornementalistes
- Androuet jacques du Cerceau : 2e moitié du XVIe (créateur du style français)
- Philibert Delorme
- Etienne Delaume
- Pierre Lescot
4 écoles distinctes régionales :
- Ile de France : (inspirée des artistes de la Loire), de Du cerceau. Incrustation de marbre.
- Bourgogne : style très chargé et exubérant en sculpture. (Hugues Sambin)
- Rhône : entre les deux précédents.
- Provence : inspirée d’Italie.
Les toutes nouvelles techniques
- L’invention de la marqueterie par juxtaposition est sans doute due à Bennetto da Maiano de Florence (1470-1480). Dés le début du XVIe siècle, les boiseries et les meubles furent parfois décorés comme cela. (Emploi du couteau à trancher et invention de la scie du marqueteur et sûrement de l’étau dit « âne »).
- Le placage d’ébène fut inventé par les allemands ou flamands. En France, on l’utilisa dès 1560. Les feuilles étaient très épaisses, on pouvait les sculpter en bas relief. Cela implique l’invention de la scie à refendre dans la même période.
- Invention du goujon pour fixer, entre autre, les frontons.
- Apparition de l’assemblage par rainure et languette dans le dernier quart de siècle.
- Invention du tiroir avec une queue d’aronde unique par coté.
Les meubles de style Renaissance et Henry II furent à la mode toute la première moitié du 20e siècle.