Le style Regence
Apparition de la notion de « commodité »
Le style Régence est parfaitement représentatif d’une époque de transition entre deux âges et même entre deux mondes. Ce n’est plus Versailles qui gouverne, mais Paris qui fait son monde. De son palais royal, Philippe d’Orléans régente la France de 1715 à 1723 et contribue à la création d’un nouveau goût.
Un style qui vient de Paris et non plus de Versailles
La mode, qui n’était suivie que par la cour et les grands bourgeois, impose à présent ses caprices à tous, anciens et nouveaux riches (ces derniers apparaissent avec le système Law). Ce style est un état d’esprit introduit dans une recherche nouvelle d’intimité, de confort et de qualité de vie. Au plan de l’architecture d’intérieure, les pièces se réduisent dans un souci de confort et d’intimité. L’usage des cabinets et des appartements de commodité se généralise. Par conséquent, les meubles deviennent plus petits, plus maniables et plus nombreux (apparitions des petits salons, des boudoirs, des cabinets à écrire, des salons de musique…). Sous l’influence des femmes, leurs formes s’assouplissent, les meubles deviennent raffinés et élégants. En opposition à la représentation omniprésente du pouvoir du règne précédent, la commodité est la grande invention de la régence. Ce qui amène tout naturellement le mobilier à suivre la même tendance.
Le style Régence casse le lien centenaire qui reliait l’architecture au mobilier.
Éléments du style Régence
- Ce style comporte des lignes grasses, les formes sont plantureuses, formes arrondies et confortables sous l’influence des femmes.
- Apparition des formes galbées.
- Parfaite symétrie des décors.
- Animaux et personnages inspirés d’Orient (Chinoiserie).
- Utilisation des bois exotiques en frisage.
- Invention du frisage en bois debout.
- Invention du Vernis Martin.
Ornementation : après la force, la grâce.
Les ornements restent parfaitement symétriques, mais les courbes tendent vers plus de souplesse et évoluent vers des formes plus complexes.
La coquille, généralement placée au centre d’un ensemble, bien étalée et strictement symétrique (non déchiquetée)
Apparition des frisages de placages en jeux de fond.
Les premières chinoiseries font leur apparition inspirées par les porcelaines et les laques de Chine. Les animaux et les personnages fantastiques inspirés d’orient (le singe est particulièrement prisé, le peintre Huet excellait à en faire).
L’espagnolette : Un ornement nouveau. C’est une tête de femme souriante et coiffée d’un diadème, d’une palmette ou de plumes inspirées des dessins de Watteau).
Les pieds sont, soit en volute , soit en pied de biche. Ils sont toujours recouverts de bronzes afin de les protéger.
Les bronzes
Ils sont omniprésents et sont de très grande qualité. Leur fonction première est l’ornementation, mais ils continuent à ajouter une utilisation pratique : protéger les arêtes vives, les extrémités de pieds…
Ces bronzes sont dorés au feu ou au mercure. Ils sont souvent recouverts d’un vernis couleur or.
Les techniques employées sous la Régence
Le frisage de différentes essences de bois de fil fut souvent appliqué sur la surface des meubles. Puis le placage en bois de bout apparut vers 1720 environ (ailes de papillon)
Évolution de la forme du galbe des pieds et des meubles en général.
Les autres innovations
Le vernis Martin
En 1728, les frères Martin mettent au point une imitation de laque à base de vernis au copal, le vernis Martin est destiné à concurrencer les laques de Chine et du Japon .
Évolution du chantournement
Les meubles
Elle ne change guère du Louis XIV. La corniche est souvent en chapeau de gendarme et elle sera reproduite en province durant tout le XVIIIe et XIXe siècle.
Elle reste de haute taille et majestueuse. Cependant ces arrêtes verticales s’arrondissent.
Sa traverse inférieure se festonne.
Pieds droits ou en pied de biche.
Le buffet :
Il s’ouvre par deux ventaux moulurés ou sculptés. Il a souvent 2 tiroirs en ceinture. Ses pieds sont courbes et cambrés.
La commode :
La commode en tombeau est fortement ventrue avec trois tiroirs.
Les commodes en arbalète inventées par Cressent sont plus rares. Leurs profils dessinent une arbalète (voir photo plus haut dans le paragraphe sur les éléments du style).
Ce n’est qu’à partir de 1720 que le dessus de marbre se vulgarise. Il est chantourné en suivant la forme de la traverse. Il est souvent mouluré en bec de corbin.
Apparition aussi de la commode sauteuse avec deux tiroirs et des pieds plus hauts.
Un registre décoratif par tiroir à l’opposé du style Louis XV.
Les tiroirs sont souvent à ressaut avec des angles arrondis.
Spécialité de la régence : les traverses possèdent une cannelure foncée de cuivre.
Les tiroirs sont toujours décorés par des bronzes de formes symétriques.
La console en applique :
Leur tablier est sculpté, le piètement est en « S » et se termine souvent par des espagnolettes. L’entretoise comporte un important motif au centre.
Décor naturel de fleur et rinceaux sur fond quadrillé.
Le décor a tendance à s’assécher par rapport au style précédent.
Le bureau plat :
Le bureau plat est la pièce de choix du style Régence. Il est en général en poirier noirci ou simplement marqueté en placage de bois de rapport. Il est ici porté par 4 pieds de biche sans traverse, muni de 2 deux tiroirs et d’un 3eme au milieu. Voir évolution du bureau à caisson vers le bureau plat.
Le bureau plat est le résultat de l’évolution du bureau à caisson Louis XIV vers un meuble épuré:
Les tables volantes
Les tables volantes ou de service commencent à se répandre.
Les tables de milieu ont des pieds de biche avec entretoise en début de période, puis sans entretoise en fin de période.
Les pieds peuvent se terminer par une volute posée sur un dé.
Les sièges
Jusque vers 1720-30, ils ont une entretoise, le dossier diminue en hauteur, les supports d’accotoir s’évasent en coup de fouet
2 sortes de sièges : le fauteuil meublant (souvent à la reine avec son dossier droit) est souvent volumineux et les sièges volants qui sont de plus petite taille.
Les pieds se terminent en console enroulée ou en pieds de biche.
La traverse haute du dossier est souvent en accolade ou en chapeau de gendarme.
La chaise longue est appelée duchesse quand l’extrémité est entourée d’un petit dossier. Les traverses et montants sont apparents et sculptés en bas relief.
Vers 1725, la bergère (inventée pour Marly vers 1700 dixit Janneau) est garnie d’un coussin mobile et ses accotoirs sont pleins, on les nomme des joues.
Les sièges évoluent ensuite de plus en plus vers la légèreté et le confort. Voici quelques points remarquables de l’évolution qui mènera au style Louis XV.
Les sculpteurs, ébénistes et ornementistes
Les ébénistes
Le grand ébéniste de la régence est Cressent. Son style réside dans la primauté des luxueux ornements de bronze sur fond de bois. Il relègue en second plan l’ébénisterie. On retrouve des lignes de De Cotte dans les profils des meubles de Cressent, mais les sujets dans les bas reliefs sont souvent de Gillot. Autres grands ébénistes :
- Gaudreaus Antoine
- Noël Gérard
- François Liautau
- Le maitre aux pagodes (DF) : Jean Deforges
Les ornementistes
- Robert de cotte
- Audran (maître de Watteau)
- Gillot
- Oppenordt
- Jean Marie Messonier
- Watteau
Les 3 derniers sont les plus modernistes et vont évoluer vers la Rocaille.